Le syndrome des bébés secoués
Depuis quand ce syndrome est-il connu ?
Ce syndrome a été décrit pour la première fois par John Caffey, en 1972.
Dans les pays anglo-saxons, il est appelé « shaken baby syndrome » (ce qui littéralement veut dire la même chose).
Le syndrome des bébés secoués, qu’est ce que c’est ?
C’est une des formes de la maltraitance de l’enfant.
Le plus souvent au cours d’un énervement ou d’une colère, le père, la mère, ou la personne qui a la garde de l’enfant, se saisit du bébé par les épaules et le secoue fortement. La tête du bébé fait alors des mouvements de translation d’avant en arrière.
Souvent, cette maltraitance correspond à une perte de contrôle d’un parent qui ne supporte plus d’entendre l’enfant pleurer.
Parfois, le syndrome est lié au fait qu’un adulte ait « lancé » bébé en l’air pour « jouer » avec lui, ce qui est irresponsable et ce qui est également une forme de maltraitance.
Le syndrome des bébés secoués, qui est victime ?
Il s’agit surtout des enfants de la naissance à 15 mois et plus particulièrement des enfants de moins de six mois.
Les garçons semblent plus atteints dans les différentes études, peut être parce qu’ils pleurent plus ou que la rivalité avec le père ou le conjoint maltraitant est plus mal vécue.
Le syndrome des bébés secoués, qui est maltraitant ?
Dans les différentes études, l’agresseur est le plus souvent un homme jeune (mais les mères et les nourrices peuvent aussi être responsables).
L’agression peut correspondre à une perte de contrôle unique ou s’inscrire dans un contexte plus général de maltraitance répétée.
Le syndrome des bébés secoués, quel en est le mécanisme physique ?
Le bébé a une tête qui est lourde et des muscles du cou qui sont insuffisamment puissant pour la retenir.
De plus, le cerveau du bébé n’occupe pas tout l’espace de la boite crânienne, ce qui fait que si l’on secoue bébé, le cerveau vient « s’écraser » contre les os du crâne, ce qui peut entraîner une souffrance des tissus et une section des vaisseaux.
Le bébé qui a été violemment secoué a un risque de faire un hématome au cerveau et des lésions à l’œil.
L’hématome du cerveau se développe sous les méninges (les méninges sont les enveloppes du cerveau).
Les lésions de l’œil peuvent être des hémorragies et un décollement de la rétine.
Le syndrome des bébés secoués, comment cela se traduit psychiquement ?
Cette forme de maltraitance peut avoir également des répercussions psychiques.
Un cercle vicieux peut s’installer : pleurs de l’enfant d’où maltraitance d’où pleurs de l’enfant…
Le bébé maltraité peut avoir des signes qui traduisent sa souffrance psychique : attitude de retrait, refus alimentaire, troubles du sommeil, …
A distance, toute forme de maltraitance vient perturber l’équilibre psychique de l’enfant et la qualité de la relation parents-enfants.
Le syndrome des bébés secoués, comment cela se traduit cliniquement ?
Le bébé qui a été secoué n’a pas le plus souvent de signes cliniques externes (sur la peau). Parfois, il peut avoir des traces sur les bras (hématomes), à l’endroit où la personne qui l’a saisit a exercé une forte pression.
Il peut avoir également des signes de maltraitance antérieure (fractures).
Le syndrome des bébés secoués peut donner des pleurs, un saignement au niveau de l’œil, de l’épilepsie, une paralysie, un coma.
Quelle est la conduite à tenir dans ce type de situation ?
L’hospitalisation de l’enfant doit se faire en urgence
L’enfant est d’abord conduit aux urgences pédiatriques puis en service spécialisé.
Quelles sont les conséquences possibles ?
Les conséquences pour l’enfant peuvent être graves, voire dramatiques.
Elles dépendent de la violence subie, de l’âge de l’enfant, de la précocité de la prise en charge dans les suites du traumatisme.
L’enfant peut s’en sortir, garder des séquelles ou décéder.
Les séquelles sont fréquentes (plus de 50% des cas) : elles peuvent être immédiates (paralysie, cécité, épilepsie) ou plus tardives (épilepsie, difficultés psychomotrices, troubles psychologiques, difficultés d’apprentissage, …).
Y a-t-il une prévention possible ?
Il faut toujours soutenir la tête d’un bébé lorsqu’on le prend dans ses bras.
Il ne faut pas « lancer » bébé en l’air pour jouer avec lui (un bébé n’est pas un ballon !).
Il faut informer les jeunes parents qu’un bébé peut pleurer pour des causes très diverses (difficultés à trouver le sommeil, la faim, des coliques, …).
Les parents épuisés psychologiquement ou qui ont se sentent persécutés par les pleurs du bébé doivent passer le relais.
Un aide sociale et éducative, auprès des centres de P.M.I (Protection Maternelle Infantile) ou auprès de tout médecin ou assistante sociale, peut être obtenue s’ils en font la demande.
Ne confiez pas la garde de votre bébé à une personne que vous savez en état d’épuisement psychologique, très impulsive ou ayant un problème d’alcoolisme.
Si un bébé pleure de manière régulière et prolongée, il est indispensable de voir un médecin pédiatre pour en comprendre la cause.